Depuis plusieurs mois, contrairement à ce que les industriels et beaucoup d’élus nous assurent, la situation environnementale du Bassin Industriel de Lacq reste très préoccupante :
non, la transparence n’est pas aussi limpide qu’ils le prétendent et l’heure n’est pas -encore- aux applaudissements malgré la mode actuelle du vert plus vert que vert !
Les faits prouvent que nous sommes très éloigné.e.s, beaucoup trop éloigné.e.s d’une situation satisfaisante contrairement à ce que l’on peut entendre ou lire ici et là.
Les rapports transmis par l’inspection des installations classées suite aux différentes inspections dans les industries du Bassin de Lacq, font état de nombreuses irrégularités.
Citons ici trois exemples parmi d’autres :
- Concernant une entreprise dédiée à la fabrication de produits chimiques : L’inspection a mis en évidence des faits « non conformes » qui peuvent entraîner les préjudices importants pour l’environnement.
Ce rapport transmis par la DREAL est une fois de plus caviardé, de grandes parties sont noircies rendant la lecture partielle et nous laissant dans l’impossibilité de l’exploiter dans son intégralité.
- Pour une deuxième entreprise (fabriquant et stockant des produits phytosanitaires) l’inspecteur note des rejets de glyphosate (1) (2) dans l’eau 26 fois supérieurs à la réglementation.
- A propos d’une troisième entreprise (fabriquant mondial de produits phytosanitaires) dans un rapport écrit 5 mois après l’inspection, l’inspecteur note que -sur un des conduits- des dépassements concernant le dioxyde de soufre(3)(4) sont 203 fois supérieurs à ce qu’autorise la réglementation.
Sans parler des rapports non transmis à l’inspection comme exigé par la réglementation, ni des études technico-économiques concernant l’alternative au torchage qui ne sont pas transmises dans les délais, ni des plans d’opérations internes (POI)(5) qui ne sont pas à jour suite à la mise en place de nouvelles techniques.
Du côté des élus les discours restent pour la plupart les mêmes que ceux que du XIXème et XXème siècles : l’emploi avant tout, la croissance à tout prix.
Face à une situation environnementale qui reste agressive pour la santé et qu’ils ne semblent pas connaître par manque de curiosité ou de volonté, les élus choisissent majoritairement de se lever vent debout contre la SEPANSO 64.
Ainsi un adjoint au maire siégeant à la Commission de Suivi des Sites (CSS)(6) ne connaissant visiblement pas le scandale de SANOFI Mourenx (7)(8) s’insurge en réunion plénière contre une question posée jugée trop technique.
Notre demande concernait pourtant les rejets de substances excessivement toxiques qui dépassaient de plus de 190 000 fois les autorisations.
Il était donc essentiel de demander si les conséquences sanitaires de ces rejets seraient prises en compte dans la future étude de l’ensemble des maladies recensées sur le Bassin Industriel de Lacq
Les principales préoccupations posées aujourd’hui par la communauté scientifique et la très grande majorité des citoyens (réchauffement climatique, impact environnemental, destruction de la biodiversité, dégradation de la qualité de l’air, de l’eau et du sol), ne sont pas prises en compte.
Nos élus béarnais, dans leur plus grande majorité, semblent oublier que l’on ne peut pas opposer emploi, environnement et condition sociale mais que, bien au contraire, ces thématiques sont indissociables les unes des autres.
Les services de l’Etat, quant à eux, ont fait le choix d’accompagner les industriels vers une lente planification du respect de la législation.
Ainsi, le torchage (qui n’est normalement autorisé qu’en cas de danger extrême), entre dans le process grâce à des arrêtés préfectoraux pris dans leur grande majorité en 2019.
Lubrizol obtient ainsi une autorisation de 6 mois de torchage.
On nous explique qu’au vu de la situation antérieure (certains industriels torchaient en continu dans l’irrespect le plus total de la législation) il vaut mieux regarder le verre à moitié plein…
Comment peut-on se contenter de cette réponse sans s’en indigner ?
Les mêmes services de l’Etat continuent encore aujourd’hui à nous envoyer des rapports tellement noircis qu’il nous est impossible de les travailler.
Les services de santé de l’Etat annoncent le 1 juillet 2016, dans un communiqué de presse, la mise en place de nouvelles études pour « éclairer la situation du bassin industriel de Lacq »
Deux études épidémiologiques doivent être réalisées :
● actualisation de l’étude de mortalité réalisée par l’Institut de Santé
Publique d’Epidémiologie et de Développement Université de Bordeaux
II(ISPED) (9)
● étude exploratoire de morbidité.
Les résultats devaient être restitués en 2017…
Nous sommes en 2021 et seule une étude appelée : Étude de contexte local (10) a été publié en…2019.
Concernant l’étude de mortalité, un simple power point a été présenté en bureau de CSS (6) en 2019 puis en 2021 sans qu’aucun de ses membres n’ait eu accès à l’intégralité de la (nouvelle) étude de mortalité.
Partout dans le monde, des scientifiques de renom au vu de la gravité de la situation appellent à la nécessité absolue de la mise en place de mesures pour la protection de la planète.
La SEPANSO 64, quant à elle, continuera à
⮚ informer la population, malgré tous les obstacles rencontrés
⮚ dénoncer y compris devant les tribunaux les dysfonctionnements des
entreprises
⮚ poursuivre ses objectifs :
Défendre et protéger la population et l’environnement parce qu’il en va de la survie de notre humanité.
Groupe de travail de Bassin Industriel de Lacq
18/10/2021
(1) https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_273
(2) https://www.mediapart.fr/journal/international/241017/glyphosate-les-cles-du-debat-0
(3) https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_41
(4)https://www.cchst.ca/oshanswers/chemicals/chem_profiles/sulfurdi.html
(5) https://aida.ineris.fr/consultation_document/6979
(6) https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGIARTI000028683457/