Le grand Tétras, une espèce en voie de disparition dans les Pyrénées
Article mis en ligne le 26 octobre 2007
dernière modification le 26 octobre 2011

Lors d’une conférence de presse au mois d’octobre 2007 la SEPANSO-Béarn, le G.O.P.A (Groupe Ornithologique des Pyrénées et de l’Adour) et le G.E.O.B (Groupe d’études ornithologiques Béarnais) ont lancé un appel pour alerter sur la disparition programmée du coq de bruyère.

Situation du Grand-Tétras dans les Pyrénées :

  • régression importante de ses effectifs dans les trente dernières années, avec un pic de 60 % entre 1960 et 1975 (Catusse, O.N.C.F.S)
  • 10 000 adultes estimés sur le versant français en 1960 (Catusse) contre 4 à 6 000 adultes sur les deux versants de la chaîne en 2004.
  • Dans les Pyrénées-Atlantiques : l’aire régresse depuis plusieurs décennies par le Pays-Basque avec la disparition de l’espèce sur 4 communes (sur 33) dans les années 90 (source : Évolution de la répartition communale du petit gibier de montagne en France, Faune sauvage, bulletin technique et juridique de l’O.N.C.F.S., décembre 2002).
    En 1994, l’O.N.C.F.S donnait le chiffre moyen de 492 adultes pour le département. En 2004, la Fédération départementale des chasseurs donnait 114 coqs auxquels elle ajoute, mais ce n’est qu’une hypothèse, le même nombre de poules, soit un total de 228 adultes, et ce jusqu’au mois de mai puisque après pertes estivales on arrive à 200 oiseaux.

Les raisons de la régression de l’espèce :

  • La dégradation de son biotope (la hêtraie-sapinière, les lisières supérieures à myrtilles) par les aménagements tels que les stations de ski (exemple actuel : le projet d’extension de la station d’Artouste sur une zone d’hivernage).
  • Le dérangement de l’espèce (surtout l’hiver) par des accès trop faciles à la montagne, tout un chacun est concerné (randonneurs en raquettes, ski hors piste, chercheurs de champignons, photographes, etc.).
  • Les forêts plus assez favorables à l’espèce. Il manque singulièrement dans notre département des réserves naturelles ou des réserves biologiques.
  • La chasse. L’espèce pourtant en grave régression est toujours chassée, ce qui constitue une "hérésie" et une anomalie : c’est une des deux seules populations Européenne (hors Scandinavie) à être chassée.
    A noter qu’en Slovénie, dans la région de Kocevje, la fin de la chasse au Grand Tétras a été décidée en 1965 par l’administration de la chasse, tout comme la fin de la chasse du loup et la réintroduction du lynx éradiqué par les chasseurs quelques décennies plus tôt…

Nous doutons fermement à ce sujet des chiffres avancés par la Fédération des Chasseurs 64 qui annonce 118 coqs chanteurs en 2006 et 2007. C’est le même nombre de mâles chanteurs d’une année sur l’autre !
D’autre part, alors qu’en 2006 l’indice de reproduction annoncé meilleur (1,32 qualifié de moyen par l’O.G.M : Observatoire des Galliformes de Montagne) que celui de 2007, qui est de 1, la Fédération Des Chasseurs du 64 demande le même PMA de 4 oiseaux ! Quelle logique ! Raisonnement farfelu.
Nous contestons aussi l’argument selon lequel il faudrait remercier certains chasseurs qui « entretiendraient » le biotope favorable à l’espèce en leur permettant de chasser quelques oiseaux, et nous opposons à cette forme de chantage qui revient à annoncer que les chasseurs « gèreront » le milieu de l’espèce tant qu’elle sera chassée. Nous affirmons que le Grand Tétras a besoin de tranquillité et n’a pas besoin qu’on lui jardine ses places de chant ou qu’on fasse pousser plus de myrtilles dans la montagne.
La chasse d’une espèce ne doit pas être autorisée selon des considérations sociales et politiques mais biologiques.

Conclusion :

Au vu de l’effondrement de la population de Grand Tétras dans les Pyrénées, et particulièrement dans les Pyrénées-Atlantiques, de la responsabilité de notre pays dans la sauvegarde d’une des plus belles populations en Europe du Sud, qui plus est sous-espèce endémique, et alors que s’est tenu le « Grenelle de l’Environnement », il est du devoir des autorités administratives et cynégétiques de ne plus autoriser ni demander la chasse du Grand Tétras, même si les causes de régression ne sont pas simplement dues à la chasse. C’est une mesure de bon sens et de gestion qui viendra mettre fin à une cueillette insensée. Agir autrement, c’est se rendre responsable de la disparition du Grand Tétras.
Nul absolutisme dans nos associations, non opposées à la chasse, mais du bon sens.

Michel Chalvet (Président du G.E.O.B), Stephan Carbonnaux (Président du G.O.P.A)