Stade d’eaux vives de Pau
Article mis en ligne le 28 février 2012
dernière modification le 25 octobre 2013

Le 4 janvier 2010, le Tribunal administratif de Pau a débouté notre association de son recours contre cette base de kayak en rivière artificielle construite en pleines zones Natura 2000 et verte du SDAGE. La base est achevée depuis deux ans, a coûté 15 millions d’euros et engendré un coût de fonctionnement + annuités d’un million d’euros pour l’année 2009 !

6 hectares de Natura 2000 comprenant une zone d’habitat prioritaire ont été défrichés, déboisés et asséchés. La fréquentation du site, massive lors des compétitions, et les prélèvements opérés dans le Gave pour alimenter le circuit d’eau à un débit de 15 m3/s sont sources de perturbations pour la faune aviaire et aquatique. L’eau de la nappe est pompée sans limite pour compenser la mauvaise qualité bactériologique du Gave.

La difficulté pour nous était de démontrer que l’île du Coy, ancien camping, régulièrement inondée, fait bien partie de la saligue. En l’absence de carte Natura 2000 établie au 25 000ème comme l’exige la Directive Eau, il a été difficile de faire prévaloir le droit de l’environnement d’autant que la carte d’impact était fausse, chose reconnue par la partie adverse en référé.

Dès l’annonce du verdict, la Maire de Pau a annoncé la poursuite de l’occupation de la saligue par la création d’un “parc naturel urbain” - vraie contradiction dans les termes - avec un lac, là-même où on nous promettait des mesures compensatoires aux 6 hectares de Natura 2000 massacrés. Ce sont donc 350 ha qui vont être transformés en jardin public.

Rajouter cela aux 400 hectares de l’A650 en projet et on comprend qu’on arrive, certes au niveau national, à 75 000 hectares d’espaces naturels et agricoles qui disparaissent chaque année en France. Cela fait la surface d’un département entier tous les sept ans ! A l’unanimité du Conseil d’administration, nous faisons appel !

Une touche d’optimisme cependant : de comité de pilotage en comité de pilotage, il semble que les élus évoluent quelque peu et le projet de lac de baignade est abandonné. De plus la venue du Professeur Bravard que nous avions sollicitée permet là aussi d’étudier les projets de manière plus complète. Quant aux trois architectes internationaux annoncés comme déjà à l’œuvre, il semble qu’il faille en rabattre et commencer par le commencement : d’abord étudier le milieu ! Nous l’avions bien dit !

Michel Rodes

Crédit photo : Eko CC BY-NC-SA 2.0