Des pratiques agricoles respectueuses de la nature
Article mis en ligne le 7 mars 2012
dernière modification le 9 mars 2012

Face aux dégâts provoqués par l’agriculture intensive sur l’environnement et la santé humaine, de plus en plus d’agriculteurs font le choix d’adopter des pratiques culturales alternatives, respectueuses des ressources naturelles et des territoires.

La Journée sur "les bonnes pratiques de gestion de l’eau du Bassin Adour-Garonne", organisée par FNE Midi-Pyrénées, en collaboration avec le collectif Ass’Eau BAG et le collectif CAP’Eau, le 3 décembre 2010 à Bordeaux, a été l’occasion de présenter deux exemples locaux de bonnes pratiques agricoles.

Ces agriculteurs démontrent dans la pratique que la mise en œuvre de méthodes durables de production agricole permet d’allier protection de l’environnement et maintien voire augmentation de la productivité et des revenus. Le développement de ces méthodes apporte des réponses aux pressions croissantes sur les ressources naturelles comme la baisse de la quantité et de la qualité de l’eau, la dégradation des sols et des paysages, les pertes de biodiversité et de fonction des écosystèmes.

Loin d’un modèle agricole productiviste dans l’impasse, l’innovation d’aujourd’hui est davantage dans une agriculture durable viable économiquement, respectueuse de l’environnement et socialement équitable.

Polyculture avec couvert végétal permanent


target="_blank">Irriguer moins pour produire mieux par FNE_MP

Conscient des risques pour la santé et l’environnement liés à l’utilisation des produits phytosanitaires, Guy Darrivère, agriculteur dans le Béarn, s’est orienté vers l’agriculture biologique depuis une dizaine d’années.

Par la suite, les problèmes d’étiage liés à l’irrigation l’ont motivé à cesser d’utiliser l’eau du Gabas, le ruisseau longeant son exploitation. Pour tendre vers la non irrigation, il est passé de la monoculture du maïs à la polyculture composée de 40 % de soja, 30 % de céréales d’hiver (triticale, orge, colza, vesce, féverole, avoine), 20 % de maïs avec 10 % de jachères. Il a mis ses cultures sous couvert végétal permanent, adapté ses cultures à la nature des sols et mis en place des rotations sur 3 ans.

Avec ces nouvelles pratiques culturales, Guy Darrivère a développé la production de biomasse, augmentant ainsi la porosité des sols et améliorant la rétention d’eau. En complément, les apports réguliers de compost, provenant d’éleveurs bio et de l’ Hippodrome de Pau lui permettent d’accroître la matière organique et nourrissent son sol. Le couvert végétal permanent favorise le stockage de l’eau, directement dans le sol. Les niveaux des réserves facilement utilisables (RFU) [1] ont ainsi progressivement augmenté.
Les résultats sont éloquents : il a divisé par six ses besoins en eau d’irrigation, besoins largement couverts par sa retenue collinaire privée.

Malgré une baisse des aides de la PAC, ses revenus ont augmenté grâce à la baisse de ses coûts de production, aux rendements de ses cultures et à la qualité de sa production. Guy Darrivère est fier d’annoncer une production de 103 quintaux de maïs biologique à l’hectare, en culture sèche, rendements non atteints par ses voisins en agriculture conventionnelle qui irriguent tout l’été.

Il est aujourd’hui ferme de référence pour le réseau “Bio d’Aquitaine”.

Agroforesterie

Constatant que l’agriculture conventionnelle avait considérablement appauvri ses terres, Jack Delozzo, agriculteur du Gers, a décidé d’agir autrement.

Il a d’abord pensé consacrer une partie de ses terres à la création de bandes enherbées et de bosquets. Puis, avec les conseils de l’association “Arbre et Paysage 32”, il a opté pour l’agroforesterie. L’agroforesterie consiste à introduire des rangées d’arbres dans les surfaces dédiées à la production agricole à raison de 50 arbres à l’hectare. Les variétés d’arbres proviennent d’essences locales (noyers, merisiers, sorbiers, cormiers, érables champêtres, chênes tilleuls, frênes) bien adaptées au climat.

Ainsi, Jack Delozzo a choisi de diversifier les espèces mais aussi de varier les cultures de chaque côté des bandes enherbées. Grâce à ces méthodes, la qualité du sol s’améliore progressivement : terre enrichie et aérée, meilleure porosité et augmentation de la matière organique. Bien qu’ayant renoncé à 6 % de ses terres cultivables, il obtient un rendement global équivalent.

L’agroforesterie, grâce aux racines des arbres qui assurent une meilleure infiltration de l’eau, permet également une réduction de 50 à 80 % de l’érosion du sol. Cela a un impact direct sur la diminution de la turbidité des cours d’eau. Les racines de l’arbre filtrent les éléments nutritifs et polluants drainés par la culture, empêchant ainsi les pollutions diffuses d’atteindre les nappes et les cours d’eau. Par ailleurs, les différentes espèces d’auxiliaires présentes dans les feuillages peuvent combattre les éléments parasites et permettent ainsi de réduire considérablement l’utilisation de produits phytosanitaires.

A plus grande échelle, des parcelles témoins mises en place par l’INRA montrent que le rendement est 30 % supérieur à celui de terres en agriculture conventionnelle.

Jack Delozzo pense aussi à son fils auquel il pourra transmettre un terrain contenant une terre de qualité, une capitalisation pour les générations futures.

Pour plus d’information, nous vous invitons à consulter le recueil de bonnes pratiques de gestion de l’eau et les courts-métrages sur le site de FNE Midi-Pyrénées.