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YARA : de la zone industrielle de Lacq au port de Bayonne - [SEPANSO Pyrénées-Atlantiques]
YARA : de la zone industrielle de Lacq au port de Bayonne
Article mis en ligne le 22 avril 2013

Présente depuis 1960 sur la commune de Pardies, la multinationale Yara fabrique de l’acide nitrique et des nitrates en granulés entrant dans la composition d’engrais chimiques pour l’agriculture, d’explosifs, de comburant utilisé notamment pour la fusée Ariane… Actuellement, l’ammoniac est importé des usines d’Ambès en Gironde et du Havre. Le nitrate d’ammonium à destination des pays du Maghreb transitait par le port de Port la Nouvelle (Aude). Bref, une usine chimique située sur la zone industrielle de Lacq (sur la plateforme de Pardies) classée Seveso seuil haut.

En 2011, Yara (chiffre d’affaire : 10,57 milliards d’euros en 2011 ; 8,6 milliards d’euros en 2010) décide de faire transiter le nitrate d’ammonium par le port de Bayonne pour économiser 300 000 euros.

Devant l’opposition des maires du port de Bayonne, Yara est allée jusqu’à menacer de fermeture le site de Pardies si ce transit ne se faisait pas par le port de Bayonne … Finalement, les préfets des Pyrénées-Atlantiques et des Landes ont autorisé le transfert par arrêté en date du 14 décembre 2011.

Notre association et la SEPANSO Landes avaient en octobre 2011 adressé une lettre à Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine [1], dénonçant les risques supplémentaires importants tant sur le plan environnemental que sur le plan social et humain de ce projet.

Les maires de Tarnos, Boucau, Anglet et Bayonne ont engagé en vain un recours gracieux, suivi d’un référé suspension contre l’arrêté préfectoral d’autorisation. Le recours en annulation au fond sera prochainement examiné par le tribunal administratif de Pau.

L’information sur ce dossier  

Le Conseil portuaire et le Comité stratégique régional du port de Bayonne n’ont été informés que très tardivement du “projet Yara” et mis devant le fait accompli. Le Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles (SPPPI) de l’Estuaire de l’Adour, mis en place par les préfets des Pyrénées Atlantiques et des Landes n’a pas été consulté.

La situation du port de Bayonne

  • le transit du nitrate d’ammonium par le port se fait à partir d’une voie ferrée en « cul de sac ». Cette voie ferrée empruntée à l’entrée du site portuaire est parallèle, pour partie, aux conduites d’alimentation en oxygène liquide de l’aciérie CELSA.
  • Le nitrate d’ammonium traverse le périmètre d’impact de l’usine LBC classé Seveso seuil haut (rappelons que LBC est un site de réception, de stockage et de réexpédition de liquides inflammables pétrochimiques).
  • A la différence de Port la Nouvelle, le problème des marées que nous connaissons ici complique l’arrivée, l’accostage et la sortie des navires sur un quai qui n’est pas à l’abri de l’entrée d’une houle puissante (cf tempête Klauss 2009).
  • Le convoi passe par des zones de population dense (Bayonne et Boucau) et suit un chemin parallèle à une route très empruntée le long de l’Adour.
  • Il n’y a pas d’unité de pompiers de ce côté-là de l’Adour, la plus proche se trouvant sur l’autre rive. En cas d’urgence, il faut donc traverser une partie de Bayonne et redescendre sur Boucau avant d’arriver sur la zone industrielle.

Le produit 

Le nitrate d’ammonium est sensible aux mélanges avec d’autres produits mais également au feu et ondes de choc sur train ou sur bateau à quai. C’est bien le nitrate d’ammonium qui est en cause à Toulouse dans l’explosion d’AZF en 2001, comme il est en cause dans une vingtaine d’explosions dans le monde depuis un siècle.

Yara, le site de Pardies et les problèmes environnementaux

On sait que l’entreprise Yara sur son site de Pardies a une pollution non résolue due aux nitrates et à l’ammonium. Actuellement des recherches de solutions sont en cours mais nous sommes toujours sur des doses non conformes aux normes prescrites : 50 mg/l pour les nitrates, 0,1mg/l pour l’ammonium. « Les campagnes mensuelles de janvier à avril 2010 montrent une situation stable avec des valeurs de nitrates entre 58 et 328 mg/l et d’ammonium entre 16 et 73 mg/l, sur les 4 piézomètres les plus impactés  » [2]. En octobre 2012, lors de la séance du SPPPI du Bassin de Lacq, les constats d’impacts hors site justifient encore des mesures de gestion des usages de l’eau.

Le premier transbordement de nitrate d’ammonium a eu lieu le 29 janvier dernier. Deux convois, l’un de 17, l’autre de 18 wagons, soit 1500 tonnes de nitrate d’ammonium, sont rentrés sur le quai d’embarquement au fil de la journée [3].

Le problème est que le premier de ces deux trains a stationné toute la nuit du 28 au 29 janvier à la gare de triage de Bayonne. Or lors de l’enquête publique, il n’était question que de transit.

Cela a suscité assez d’émois pour que soit lue lors du conseil municipal de Boucau, le 18 février 2013, une lettre du préfet adressée au directeur de la société Yara France à Pardies et datée du 30 janvier 2013. Dans cette lettre le préfet souligne que, même si les opérations sur le port se sont déroulées conformément aux prescriptions de sécurité de l’arrêté préfectoral d’autorisation, ce stationnement n’a pas été évoqué lors de la réunion préparatoire avec les services de la préfecture. Ceci « n’est pas conforme au principe posé par le courrier du sous-préfet du 04 juillet 2011 ».

En conclusion le préfet souligne que « dans l’optique d’une future opération de transit, une telle solution de stationnement prolongée ne devra pas se reproduire…  »

D’après ce que nous apprend la presse, un autre convoi devrait avoir lieu ce mois-ci [4].

Affaire à suivre…