le 19 avril 2011 à 19 h
amphithéâtre de la médiathèque d’Este, avenue de la Pléiade, Billère
entrée libre
1. Le paradoxe : c’est bien la CDAPP et la SÉPANSO qui co-organisent cette manifestation ! On sait que la collectivité et l’association de protection de la nature n’ont pas toujours le même point de vue sur l’aménagement ou la protection des saligues du gave de Pau. Mais accord a été passé, sur proposition de la SÉPANSO pour que Monsieur le Professeur Bravard, géographe, spécialiste des fleuves, médaille d’argent du CNRS, vienne éclairer le grand public et les membres du Comité de pilotage du Parc Naturel Urbain du gave de Pau, projet phare de la CDAPP.
Des contentieux multiples :
- Dès les années cinquante le Dr Lartigue, fondateur de la Sepanso-64 fit condamner un maire de Lescar : plan DDE falsifié pour permettre l’extension d’une gravière.
- Années soixante : le canal des moulins de Lescar se trouve suspendu au-dessus d’un gave encaissé 5 mètres plus bas ! Le gave est érodé sur des hectares entiers, chenalisé, massacré.
- 1972 : l’usine d’incinération de l’ Agglo, située à Lescar dépose ses
cendres dans les anciennes gravières : pollutions de la nappe du gave,
abandon d’une source désormais polluée. - Années soixante-dix : le « Syndicat contre les inondations du Gave de Pau »utilise la « poule aux oeufs d’or » : la taxe départementale sur les gravières permet de bétonner les berges dévastées par les gravières elles-mêmes ! B. Charbonneau publie « Tristes campagnes », Denoël, 1973.
- Années quatre-vingt : La DDE-hydraulique met 10 ans à faire respecter la loi rappelée avec force par sa hiérarchie (rapport Suzanne du Conseil supérieur des Ponts et Chaussées) : interdiction d’extraction dans le lit mineur !
- Années quatre vingt-dix : Le CG-64 publie en 1998 le livre Béarn XXI° siècle, après une année de concertation avec spécialistes et société civile : la pollution de la nappe du gave est pointée ainsi que la
nécessité de respecter les « contraintes écologiques ». - 2004 : la Sepanso obtient du tribunal que cesse une construction de
digue illégale à Denguin. - 2006 : Stade d’Eaux Vives de Pau : six hectares en Natura 2000 sont bétonnés. La SÉPANSO attaque en justice administrative l’arrêté
préfectoral autorisant la CDAPP à dénaturer ce site. Échec en première instance. - 2011 Cour Administrative d’Appel de Bordeaux : l’affaire du stade
d’eaux vives arrive bientôt à l’audience.
2. La connaissance du milieu :
Le gave de Pau, dans sa situation naturelle passe sur un seuil à peu près fixe à Pau, seuil constitué géologiquement de poudingues (béton naturel) qui, en offrant un gué, a dû déterminer le site de la ville de Pau. En amont comme en aval, de Nay à Artix, il roule sur plusieurs mètres d’épaisseur d’alluvions, sur une largeur pouvant dépasser le km, peuplée de "saligues" où sa tendance naturelle est à divaguer … Cet espace de saligues est un enjeu considérable, espace naturel, ressource d’eau de qualité. Cette saligue est un vestige des grandes forêts alluviales qui bordaient le gave, il n’en reste finalement plus
qu’un mince cordon linéaire. Toutefois, la saligue reste une des plus belles forêts alluviales de France et est classée à ce titre en Natura 2000. C’est une zone humide protégée par la loi. Des espèces remarquables y trouvent refuge comme la Loutre ou la Cistude. Elle joue un rôle prépondérant de zone d’expansion des crues particulièrement sensibles par le caractère torrentiel du gave. Mais la domestication de la rivière, en faveur de l’urbanisation, de la maïsiculture, etc... a été privilégiée par les autorités locales, même si cette domestication n’arrivera probablement pas à mettre tout à fait à l’abri d’inondations catastrophiques. Vaste problème que la SÉPANSO espère ne pas voir réduit aux enjeux de l’agglomération paloise,
dont les horizons constituent, par-dessus le gave, une composition paysagère remarquable.
3. La conférence du Professeur Bravard :
ESPACE DE LIBERTÉ
UN CONCEPT POUR PROTÉGER ET RESTAURER LES RIVIÈRES
ou
UN ESPACE DE LIBERTÉ POUR LE GAVE DE PAU ?
Depuis le début des années 1980, scientifiques et gestionnaires
reconnaissent l’importance des processus qui régissent le fonctionnement des rivières : les flux d’eau et de sédiments modèlent les formes fluviales et conditionnent largement la qualité des milieux aquatiques et des berges. Ces processus sont aussi essentiels pour le maintien de la quantité et la qualité des eaux souterraines.
Dans les pays développés, rares sont les rivières qui ont conservé les
paysages et le bon fonctionnement naturels ; il est important de protéger ce patrimoine qui possède un très grand intérêt économique et culturel pour les générations futures. Mieux encore, il est important de restaurer les rivières pour contribuer à leur redonner les caractères du « bon état » souhaité par la directive cadre européenne sur l’eau.
La question de l’avenir du gave de Pau et des saligues sera abordée dans le cadre de la conférence.