Une nouvelle impasse pour faire durer un système agricole productiviste en bout de course : la production d’agrocarburant à partir de maïs irrigué !
Une usine de production d’éthanol à partir du maïs s’implante à Lacq en 2007. Présenté comme une bouffée d’oxygène pour un bassin chimique en mal de reconversion ce projet devrait assurer le « développement durable » des pollutions agricoles dans notre département.
Comment, sous le couvert d’une directive européenne qui propose l’utilisation de 5,75% de « biocarburants » en remplacement du pétrole dans les transports, on va créer une filière de production énergétique à rendement médiocre [1], à partir d’une céréale - le maïs - dont la culture est fortement polluante et consommatrice d’eau.
La maïsiculture irriguée a des conséquences désastreuses sur l’environnement :
- Pollution des sols, des eaux, de l’air par les nitrates, lisiers, produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides)
- Perturbations hydrauliques et hydrobiologiques provoquées par les barrages-réservoirs dédiés à l’irrigation nécessaire à un mode de production intensif fort gaspilleur en eau.
La plupart des agriculteurs landais utilisent près de 5000 m3 d’eau par hectare ou plus : un véritable gaspillage ! Ceci pour justifier quelques quintaux de maïs en plus : 80 à 90 quintaux sans irriguer, 110 à 120 quintaux grâce à l’irrigation.
Les surfaces irriguées dans le bassin de l’Adour ont été multipliées par 3 en 20 ans : 50.000 hectares en 1980 , 158.000 en 2002 ! Au moment où le niveau des cours d’eau est au plus bas, la maïsiculture irriguée représente ainsi près de 80% des prélèvements.
Si le maïs irriguée est une plante « rentable » c’est grâce au soutien du contribuable par l’intermédiaire de la prime à l’irrigation de près de 500€ par hectare en 2004.
Se rajoute le financement de barrages-réservoirs comme celui du Gabas : quelques centaines de millions d’euros supplémentaires destructeurs des milieux aquatiques.
Comment justifier encore un tel gaspillage de la ressource en eau alors que nous allons avoir des contraintes climatiques de plus en plus fortes qui vont rendre l’accès à l’eau de plus en plus difficile et que le partage de la ressource en eau devra devenir plus équitable ? Aujourd’hui le débouché des biocarburants via la production d’éthanol et bientôt des sous-produits industriels issus du maïs, devient une sortie de crise pour des producteurs soumis à la concurrence du marché mondial.
Pourtant déjà cette année de nombreux exploitants se tournent vers les céréales à paille et abandonnent le maïs, d’autres se convertissent à l’agriculture biologique car sans intrants ni d’eau il est possible de produire 50 à 60 quintaux par hectare. D’autres encore vont semer du colza pour produire de l’huile carburant utilisable directement par le producteur sur son lieu de production.
Il serait grand temps de changer de politique agricole. Celle que nous subissons est en bout de course, si nous n’en changeons pas de manière volontariste, ce sont les évènements naturels eux-mêmes qui nous y contraindrons !