En Béarn comme ailleurs, de nombreux méthaniseurs sont en projet. Qu’ils soient industriels ou agricoles les méthaniseurs sont présentés comme l’avenir, faisant partie intégrante de la reconversion écologique. Mais de quoi parle t’on exactement ? Ces projets, ici ou ailleurs, sont ils vraiment intéressants du point de vue environnemental ?
(Définition donnée par France Nature Environnement : la méthanisation, c’est l’utilisation d’un processus biologique naturel qui transforme la matière organique pour produire à la fois de l’énergie renouvelable et un résidu pouvant servir de fertilisant des sols et des cultures).
Transformer des « déchets » en gaz méthane est un procédé intéressant … sous certaines conditions ; à noter que ce procédé était en service dans de nombreuses fermes béarnaises il y a quelques décennies.
Le « process », bien conçu et bien mené, à taille « raisonnable » pourrait être vertueux à conditions que certaines règles soient respectées(hygiéniser tous les sous-produits animaux en amont des digesteurs, construire les méthaniseurs à bonne distance des abitations des rivières et ruisseaux, créer des bassins de rétention à la mesure de l’installation, mettre en place un suivi rigoureux, analyses régulières par labos indépendants, etc etc), mais cela ne suffit pas, et de loin. Prenons du recul et intéressons nous à ce qui se passe en aval(production de digestats) et surtout en amont (entrants issus du monde animal et du monde végétal).
Sur le présent article, nous évoquerons uniquement les implications amont.
- Entrants issus du monde animal :
Les grosses installations(au dela de 10000 tonnes/an) ne peuvent que favoriser les élevags intensifs (Milliers de porcs, de poules, de canards …) entassés dans des conditions d’élevage que nous connaissons ; avec production de viande de mauvaise qualité, utilisation d’antibiotiques dans les élevages, et souvent, nourriture importée de fort loin(soja du Brésil …) . Remontant « la chaine », c’est, en partie, à cause de ces importations que la forêt Amazonienne continue à être dévastée et rasée (Reportages réguliers actuellement radio TV internet dénonçant ce fait). En plus de cela, de nombreux scientifiques à ce jour font le lien avec la pandémie actuelle(destruction de la biodiversité, des forêts, des milieux humides, des écosystèmes …).
En restant dans la partie « animale » de notre réflexion, évoquons aussi la souffrance et la condition animale dans laquelle les animaux sont élevés et engraissés ; cette condition animale prise de plus en plus en compte dans notre société contemporaine. - Entrants issus du monde végétal :
dans la logique des choses, après récolte(MaÏs, tournesol …), les parties végétales(Tiges, feuilles) devraient retourner au sol afin de l’enrichir en humus. Qui dit humus, dit moins d’apport d’engrais à
la terre ; un sol riche en humus conserve mieux l’humidité et nécessitera, si besoin était, moins d’arrosage et moins d’irrigation … donc, moins de pompage dans les rivières, nappes et réserves d’eau.
Pour faire fonctionner correctement ces digesteurs au sein des méthaniseurs, il faut des quantités forts conséquentes de matières végétales ; le comble, et cela devient « monnaie courrante », c’est
quand les cultures servent exclusivement à produire la matière végétale nécessaire(Donc pas pour de la nourriture pour humains et animaux) … et cela n’est pas rare dans les projets de méthanisation.
Résultats : (Accaparement de terres cultivables pour produire de l’énergie).
Dans ces cas là, nous sommes bien plus proche d’une installation industrielle que d’une installation agricole.
Propositions de la SEPANSO64 :
- Envisager des installations ne dépassant pas 10000 tonnes/an avec comme entrants des produits(animaux et végétaux) issus d’installations agricoles avec des animaux le plus souvent hors bâtiments et au champ ; en insistant toujours sur les circuits courts, les production locales et bio.
- L’installation devant se trouver au minimum à 1km de lotissements, de villages, et garantissant, en cas d’incident, un non impact sur les milieux aquatiques(Rivières, ruisseaux, nappes, réserves d’eau).
- Cela, bien sur, avec des prix garantissant aux agriculteurs des revenus décents leur permettant de vivre de leur exploitation.
Ne jamais oublier :
Le meilleur KWH, la meilleure énergie est celle que l’on n’a pas consommée, donc pas produite.
Il faut savoir que le prix de l’énergie racheté aux méthaniseurs auxquels nous nous opposons est de 8 à 10 fois supérieur(par contrat ) au prix du gaz acheté à l’étranger ; ceci afin de favoriser « honteusement » les projets de méthaniseurs.
Et devinez qui paye cette différence … tous les consommateurs ayant des factures gaz(Autrement dit, vous et nous !!) .
Alain Arraou
Président SEPANSO64.